Viendra ce curieux jour où s'ouvrira le ciel
Un couloir aveuglant éteindra la lumière
Sur mes terres de pluie et rêves torrentiels
Mes champs de romanesque au petit mur de pierre
Les écriteaux plantés aux pâles carrefours
Indiquent des chemins que la vie me récite
Ô mes amours je pleure les larmes ô mes amours
Les larmes sur vos joues en ce jour insolite
Les musiques auront l'air de raccrocher leurs clés
De suspendre aux étoiles des portées de silences
Et d'offrir en cadeau quelques soupirs autour
Tantôt le temps s'empresse à mon inexistence
Ô mes amours je pleure vos larmes ô mes amours
Des larmes sur les joues de nos éternités
lundi 3 décembre 2012
Ô mes amours
jeudi 22 novembre 2012
Ma ville
Moi ma ville c'est New-York c'est Paris c'est Marseille
l'insolite tumulte au parfum de la rue
les destins ajoutés où tout se dépareille
à flâner l'air du temps et autres impromptus.
C'est le camion poubelle à cinq heures du matin
un relent de gas oil qui monte à la fenêtre
pour un jour comme un autre et peut-être un béguin
fidèle inattendu ou parti comme un traître.
Ma ville c'était hier quand encore quelque champ
accueillait la pucelle sur l'herbe effervescente
défendant mollement le soutien-gorge blanc
d'une fièvre confuse et unique tourmente.
C'est aussi un amour perdu dessous les toits
d'un immeuble audacieux à l'implicite entrée
l'ascenseur est en panne et l'escalier de bois
craque encore sous les pas d'un amant passager.
Des bobines défilent à la petit' semaine
les métrages oubliés des ombres citadines;
au ciné permanent la comédie humaine
déplie les strapontins aux fesses enfantines.
Moi ma ville c'est ma terre, mes racines en béton
Brooklyn, la Cannebière, la rue des Morillons
ma ville c'est ma poussière, mes embruns d'horizon
macadam réverbère et Paname au balcon.
mardi 13 novembre 2012
Ainsi fond, fond, fond
Au fond d'un puits
sans fond
s'enfoncent les souv'nirs
depuis
Et puis
ainsi font, font, font
trois p'tits tours et puis s'en vont
Ainsi vont, vont, vont
les petites petites miettes
de l'oubli
au fond du puits
Mais, Rien qui s'en va
tout qui se jette
à la sauvette
Rien qui se jette
tout qui s'en va
aux oubliettes
Au fond d'une poche
trouée
se perdent les cinoches
tickets
usés
Ainsi font, font, font
les amourettes et s'en vont
et s'envolent, volent, volent
les petites jupettes frivoles
des starlettes
de bals musette
Mais, Rien qui s'envole
tout qui console
à la sauvette
Rien qui console
tout qui s'envole
aux oubliettes
Au fond du coeur
en chœur
s'enroulent les serments
serrements
Pourtant
ainsi font, font, font
trois p'tits tours et puis s'en vont
Ainsi vont, vont, vont
marguerites à tous les vents
diamants
étincelants
Mais, Rien qui scintille
tout qui s'éteint
à la sauvette
Rien qui s'éteint
quand ça scintille
aux oubliettes
Au fond des yeux
pudiques
se lisent les années
voilées
obliques
Ainsi fond, fond, fond
au fond du verre le glaçon
Ainsi vont, vont, vont
les petites gouttelettes
de la vie
sans faire de bruit
Mais, Rien qui se barre
tout qui s'égare
à la sauvette
Rien qui s'égare
tout qui se barre
aux oubliettes
Au fond du fond
des choses
ça tourne pas bien rond
shadows
au fond
Ainsi font, font, font
les petites marionnettes
Ainsi vont, s'en vont
les choses avec les poètes
But who knows
où vont les choses.
mardi 30 octobre 2012
Le cimetière des indigents
Personne pour pousser la porte
au cimetière des indigents,
ceux qui sont restés lettre morte
dans le courrier des bien-pensants.
Comment c’est possible une vie d’homme,
celui ou celle qui fut enfant
et finit là enterré comme
un moins que rien, un chien errant.
Y a justement deux trois corniauds
qui traînent au milieu des allées
en reniflant autour des pots
quelques fleurs en plastic fané.
Dernière demeure d’indignité
abandonnée là quelque part
où ils sont venus échouer
une existence loin des regards,
c’est leur ultime solitude
silencieuse et sans histoire
sous une croix d’ingratitude
plantée là un peu par hasard.
Aucun regret, rien d’éternel
pour ces oubliés de misère
peut être un petit coin de ciel
tout juste un trou six pieds sous terre.
Pourtant quelqu’un à la Toussaint
viendra par là faire un détour
pour nettoyer un peu autour
des pots renversés par les chiens.
Quand vient le jour de la Toussaint,
en nettoyant un peu autour
quelqu’un vient donner de l’amour
au cimetière des orphelins.
mercredi 24 octobre 2012
La pluie des âmes
Des perles d’arc en ciel
fleurissaient sur les toits
Comme c’est joli dit-elle
d'une petite voix
et d’un air un peu las
elle ouvrit la fenêtre
doucement chantonna
Ou soupira peut-être
Aux contours du silence
vint peser le mystère
de ses nues indolences
ses villes et ses déserts
En entrant dans la pièce
l’air du dehors frôla
mes envies ses paresses
ou les vice versa
Elle s’habilla de noir
s’en alla faire un tour
Il commence à pleuvoir
sur la rue du faubourg
un peu d'eau somme toute
sur le pavé Paname
et les ombres du doute
Est-ce la pluie des âmes
mardi 23 octobre 2012
Pas d'veine
En sortant de la boîte
entre 2 camions-benne
sur 2, 3 ou 4 pattes
tu t’traînes
C’est pas trop beau l’héro
à 5 ou 6 du mat’
pas besame mucho
So what?
Quand tu r’trouves ta BM
au coin du petit jour
y a plus personne qui t’aime
d’amour
L’aiguille de ta platine
s’est cassée sur Coltrane
t’es solo en sourdine,
pas d’veine!
Quand ta sœur ta seringue
t’inceste de l’orgasme
en dégrafant son flingue
à spasmes,
c’est que déconfiture
dans ta petit’ cuillère
en argent, d’la dorure
en fer
vol plané sans radar
au pays des Alices
noyé dans l’étang d’ar
tifice
T’es plutôt mal barré
sans tous tes capots d’astre,
t’as jamais la bonne clé
des astres
t’es plus rien ni que dalle
t’es qu’un chien aux abois,
t’as perdu tes pédales
wha wha
Pour un’ petit’ cuillère
à sauter des falaises
récites un Notre Père
Lachaise
Pour un’ petit’ cuillère
montant les eaux en neige
tu peux faire ta prière
disais-je
L'ingénue
Là-bas se délavaient
les mots disant
l'éperdu
Les beaux habits défaits
au fil d'Autan
suspendus
Je m'en déshabillai
comme tu me
disparus
Faisons fil des regrets
puisque le
linge est nu
Je m'en
Je m'en nuit pas
à la demie
ni ne m'y nuis
à cette heure là
Je m'enfume des paquets
à noircir le plat fond
à noircir le plat fond
de l'air et mes feuillets
s'en lisent au goudron
Je m'en tape des lettres
anonymes à ta boîte
et m'en mail à omettre
le nom de mes stigmates
Je m'en songe sans vice
et m'en tire à bon compte
m'entremets aux délices
délivrées de la honte
Je m'en prie s'il te plait
que ton prix soit à vendre
t'entreprendre au collet
et m'en fouir à tant tendre
Je m'en nuit pas
à la demie
ni ne m'y nuis
à cette heure là
Tu m'empreintes la chair
et tatoue quand je donne
ma langue aux enchères
de tes siné qua non
Je m'enfiche de tes prises
de becs à m'en brasser
et m'en geôle aux assises
d'un si beau con damné
Que je m'en diable au corps
m'en flamme à tes enfers
c'est ton endroit d'abord
qui m'en castre à l'envers
Mais fies-toi que j'en lace
quelque corset satin
si de soie tu m'en lasses
en tes dessous malins
Je m'endeuille à l'avance
de tes airs de Diva
m'en traîne à l'échéance
mais m'encore une fois
lundi 22 octobre 2012
Le bonheur
Je m'en souviens son rire
quand le bonheur aussi
pouffait aux barbes de l'ennui
et autres tristes sires
Ses pleurs je me rappelle
les cernes de misère
séchés aux pommettes de sel
et ridelles amères
L'oubli n'en finit pas
volatile éperdu
posé aux têtes des statues
de pierre ici ou là
Son rire je m'en souviens
et aussi le bonheur
des jours enclins. Les jours de rien
je me rappelle ses pleurs
C’est la vie y parait
J’ai senti le boulet
passer parfois tout près
et l'odeur de la poudre
dans le nez comm' la foudre
avalé des bibines
sur des zincs en plastoc
titubé dans le spleen
de Baud’laire en Médoc.
J’ai connu les poubelles
avec les chats d’gouttière
les Jaguar, les 4 L
les fourrures, les fourrières ;
j’ai même porté le smok’
pour un soir de première,
laissé mon plus beau froc
dans un dernier poker.
Y m’restait une chemise
et j’en aurais fait don
à un type dans la mouise
mais j’étais en cal’çon.. !
Alors j’ai fait la manche
à la sortie d’la messe
sans habit du dimanche
et un peu froid aux fesses.
Le curé est v’nu m’voir,
m’a dit : « Alors mon fils,
faudrait p’t’être voir à voir
partager l’bénéfice! »
J’l’ai envoyé s’faire voir
d’un air pas catholique,
ben vous allez pas m’croire
il a app’lé les flics!
Ha! Qué bon Dieu d’église !
J’attend encore qu’on m’dise
comment le p’tit Jésus
nous est tombé des nues,
comment tous ces braves gens
peuvent croire à la sainte Vierge
et s’absoudre gaiment
en allumant un cierge.
J’suis r’tourné voir l’curé
et j’ l’ai rossé vilain
« Tiens, tends l’aut’ joue l’abbé,
je multiplie les pains ! »
On m’a mis en prison
avec dans ma cellule
des voyous, des crapules
et encore un cur’ton.
Les uns baisaient les autres
et réciproquement
et le fidèle apôtre
n’était pas l’plus feignant.
A genoux, implorant
la volonté divine
il priait ardemment
la très Sainte-Tétine ;
c’était pas du latin
mais tous ils y croyaient
et ces enfants d’putain
soudain s’convertissaient.
Quand j’suis sorti de là
ayant purgé ma peine,
j’peux bien dire qu’j’étais pas
d’une humeur très chrétienne.
Mais l’a quand même fallu
que j’retrouve du boulot
une conduite pas tordue
une vie un peu réglo.
Qu’est-ce-que j’vais pouvoir faire?
je m’suis dit en moi-même
Tiens j’vais faire milliardaire,
directeur de harem.
J’ai fait les p’tites annonces,
envoyé des cv
j’ai jamais eu d’réponse
j’étais pas diplomé.
J’suis r’tourné à l’école
de la rue, des lascars,
où y a pas d’heure de colle
où t’apprends pas l’Histoire.
La philo des trottoirs
sans dirlo, sans récré
ça t’apprend l’illusoire,
le courage, l’amitié.
J’ai retrouvé mes potes
mon bistrot, mes frangins,
la môme Lulu ma crotte
et ses « la vach’ putain ! »,
mon quartier, ses odeurs
ses néons, son crachin,
les murs tout en couleurs
et l’épicier du coin.
Y a même une p’tite nouvelle
qui s’amène, qui s’approche
peux pas dire qu’elle soit belle
peux pas dire qu’elle soit moche…
« Tiens j’te présente Jeannette »
qu’il me sourit Nasser
« une gentille, une pauvrette
qu’est tout comme toi misère »
C’est vrai qu’elle était chouette,
un regard lumineux
peut-être j’avais l’air bête
mais j’redev’nais heureux.
J’y ai payé un godet
et j’ai fait connaissance
d’un sourire comm’ jamais
qui ramène à l’enfance.
« Hé ho, la vach’putain ! »
qu’elle me gueule la Lulu,
« peux pas attendre demain
pour tes histoires de cul ? »
« Qu’est-ce-t’as Lulu ma crotte ? »
j’lui répond rigolard,
« t’as pas mis assez d’flotte
dans ton verre de pinard
ou quoi ? Tu d’viens jalouse ?
qu’est-ce t’as fait d’ton patron ? »
« Tu parles de l’aut’ tarlouze ?
l’est au trou ! » qu’èm répond.
« Allez Jeannette tu viens
on va pas rester là
on va marcher pas loin
si tu veux prends moi l’bras »
On s’est pris par le coeur
on s’éprit par l’ bonheur
de parler et de rire,
d’y croire et de rien dire,
tandis qu’une porte cochère
nous fit une petit’ place,
j’étais pas frigidaire
elle était pas de glace.
Mais c’est bien loin tout ça
et de cette époque-là
tout l’monde a disparu
la Jeannette, la Lulu,
tout l’ monde s’est envolé.
Comment c’est arrivé ?
Comment on s’est perdu ?
J’saurais pas dire non plus.
C’est la vie y parait
mais quand j’repasse par là
j’regarde, on sait jamais,
on sait jamais, des fois…
Même que j’m’arrète un peu,
j’attends je sais pas quoi,
même que ça m’pique les yeux
mais c’est plus fort que moi.
Y a plus que du silence
derrière le brouhaha
plus d’âme, plus d’innocence
même pas des reliquats.
Tout a tell’ment changé
mon bistrot, mon quartier,
y a juste la porte cochère
qu’est restée comme hier.
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