Personne pour pousser la porte
au cimetière des indigents,
ceux qui sont restés lettre morte
dans le courrier des bien-pensants.
Comment c’est possible une vie d’homme,
celui ou celle qui fut enfant
et finit là enterré comme
un moins que rien, un chien errant.
Y a justement deux trois corniauds
qui traînent au milieu des allées
en reniflant autour des pots
quelques fleurs en plastic fané.
Dernière demeure d’indignité
abandonnée là quelque part
où ils sont venus échouer
une existence loin des regards,
c’est leur ultime solitude
silencieuse et sans histoire
sous une croix d’ingratitude
plantée là un peu par hasard.
Aucun regret, rien d’éternel
pour ces oubliés de misère
peut être un petit coin de ciel
tout juste un trou six pieds sous terre.
Pourtant quelqu’un à la Toussaint
viendra par là faire un détour
pour nettoyer un peu autour
des pots renversés par les chiens.
Quand vient le jour de la Toussaint,
en nettoyant un peu autour
quelqu’un vient donner de l’amour
au cimetière des orphelins.