lundi 16 septembre 2013

L'impasse




Ça braquait bien la vieille Volvo
au demi-tour de son impasse
planquée derrière les Maréchaux
les soirs où j'étais pas trop classe.

Pendu au bout de mes ficelles
entre Lilas et La Villette
j'allais pantin, polichinelle
au rendez-vous des qu'on achète.

Ça braquait bien le break turbo
quand elle abordait dans mes phares
et qu'arrivaient les seins fluo
aux coulisses de mon Alcazar. 

J'étais son chou son habitué
elle était ma pute magnifique
pas une catin ensalopée
aux bourgeoisies d'arrière-boutique.

Marvin Gaye et banquette arrière
dans la 940 essence
tamisée sous le lampadaire
qui pointait à l'intermittence,

on se préservait de l'amour
qui s'exhalait quand même un peu
à moins que j'aie rêvé trop lourd
dans la démission de ses yeux.

On allait même boire un pot
et elle me racontait sa vie
c'est là que c'était le plus beau
quand elle avait fini sa nuit.

J'ai planté la Volvo un soir
qu'elle a plus freiné dans l'impasse
le lampadaire est dans le noir
et les seins fluo qui s'effacent.

Je la cherche encore aujourd'hui
de La Chapelle aux Batignolles
l'Alcazar est fermé, fini,
et moi j'ai changé de bagnole.