samedi 13 février 2016

NEUNEU


J'suis qu'un ours un sauvage
un éloigné du centre
retranché à la marge
isolé dans son antre
loin des banalités
des clichés penthotal
et autres simagrées
des poncifs à deux balles.

J'aime plus les gens non plus
sauf ceux que j'aime très fort
mais les p'tits trous du cul
les spécieux et consort
trémoussant les bimbos
la casquette à l'envers
pour selfie à gogo
et gloriole à pas cher,

Ça fatigue ça désole
ça fait presque un peu peur
la vie qui déboussole
sur les coussins péteurs.
Ça m'rend un peu neuneu
moi qu'étais amical
j'm'en vais chez sauve-qui-peut
jouer dans mon bocal.

Et que dire des affaires
politicards mes deux
j'ai oublié le "r"
entre le mes et deux,
ça leur taille un costard
sans rosette au revers
une tenue de taulard
et la soupe à l'eau claire.

Et puis tous les enfants
dans le même radeau
et nous devant l'écran
à tirer les rideaux,
les ceintures d'explosif
les kalashs de malheur
les deuils et les manifs
et des pleurs et des fleurs.

Qu'est-ce qui grimpe au plus haut
dans l'échelle des valeurs
du son jusqu'à l'écho
où se perd le curseur,
où se noie le réel
du fond de mon bocal,
le funeste pêle-mêle
de l'Homo vertical.



samedi 6 février 2016

J’SUIS BEAU, J’SUIS MOCHE


Y a des wagons dans le métro
où tous les gens y sont tous beaux,
mais y a des fois, des fois ça cloche
où tous les gens y sont tous moches.

Alors j’suis beau, ou bien j’suis moche
ça dépend d’la rame de métro,
des fois t’es beau, des fois t’es cloche
t’es comme les gens, t’es moche, t’es beau.

Pourquoi les gens y font la gueule
c’est just’ à cause qu’ils s’en veulent
d’être arrivés au terminus
sans avoir trouvé une astuce;

sont pas descendus à Etoile,
pas changé à Palais Royal,
pas trouvé la correspondance
pour un Pont Neuf de l’existence.

On est serrés, tassés, pas fiers
comme des sardines à Poissonnière
c’est pas facile d’être un héros
qu’on soit Gavroche, qu’on soit Hugo.

On s’regarde quand mêm’ dans l’carreau
par dessus l’épaule du voisin
pour voir si on est moche ou beau
entre Montparnasse et Vavin.

Je me souviens la 1ère fois
le jour où tu m’as dit je t’aime
j’étais pas trop moche ce jour-là
c’était au métro Bir-Hakeim.

Depuis j’ai toujours été beau
de St Germain à Clignancourt
et dans les couloirs du métro
les gens sont tous beaux comme l’amour.

Depuis j’ai toujours été beau
à Michel Ange comme à Goncourt
et dans les couloirs du métro
tous les gens sont beaux comme l'amour.